Le rebut et le presque rien

Compactage industriel / Périers (fr50)

Le rebut industriel et le presque rien

J’ai été confronté au rebut industriel en 1999. Une déviation, un chemin de traverse m’a conduit dans cet endroit où les reliquats d’un monde industriel viennent s’échouer. Attiré comme une alouette par ce miroir de l’abandonné, j’ai été, immédiatement, saisi par l’accumulation, les couleurs, les formes et les matières entassées. C’est dans ce lieu que j’ai commencé à pratiquer la photographie en couleur ; Depuis ce jour de 1999 et jusqu’en octobre 2020, je suis retourné régulièrement observer, photographier et même récupérer des fragments de cette métamorphose industrielle.

Je ne me suis pas concentré sur le danger que ces rebuts recèlent. Je me suis intéressé au compactage et aux tas. Des marchandises déposées pour être recyclées. Un témoignage des restes déclassés, fragmentés, déchiquetés dans l’attente d’une résurrection illusoire.

Les prises de vues présentées ne cherchent pas à favoriser une dramatisation mais à empêcher faussement une seconde mort sans penser que les photographies, fausses images de l’oubli, subiront le même sort.

Des mots, des expressions et des signes réapparaissent à la lumière dans ce désordre réorganisé, j’ai poursuivi, aussi, la collecte de ces mots, de ces expressions et de ces signes qui projettent vers l’extérieur des évocations du monde qui nous entoure.

« Tous ces lieux sont des zones dans lesquelles le dévalorisé de la production industrielle vient terminer sa vie dans « une espèce de cimetière où ils consumeront le reste de leur existence… L’état d’usure et de dénuement du déchet favorise sa dramatisation : nous tentons d’empêcher la seconde mort de celui qui est déjà mort…(*)».

Patrice MONCHY.

(*)Des détritus, des objets, de l’abject / François Dagognet / Les empêcheurs de tourner en rond.